Textes-limites : l’étranger dans ma bouche

Retour à la matérialité du texte, donc – c’est-à-dire détour par le technique, oui, mais pour essayer de cerner un peu mieux l’impression commune qui regroupe pour moi les textes cités. Cela tient en un mot : ils prolifèrent ; comme une machine qui s’emballe, une fois lancés, rien ne semble plus pouvoir les arrêter, au contraire,…

Textes-limites : illisible et jouissance

Constellation de lectures : Éden, éden, éden, de Guyotat ; le Manuscrit de Tchernobyl, texte d’un ami, Nunzio D’Annibale, et le surgissement d’une langue qui n’existe pas ; un peu avant, La Pianiste, d’Elfriede Jelinek – ou plutôt Die Klavierspielerin puisqu’il m’a pris de recommencer par là à lire en allemand ; à la marge (parce que par encore…

Quelques Nuits debout et autres insomnies

#NuitDebout… Pour les amants de la nuit que nous sommes, le symbole est trop beau ; et pour les amants de la langue que nous sommes, le symbole est vivant, charnel – rêve et virtuel ne sont pas les antagonistes de la réalité. Aussi me reviennent tout naturellement ces lectures, souvent déjà présentes ici, toutes vouées aux solitudes…

Bavardages sur la concision (via cuicuis)

Il y a quelque temps, quelqu’un me demandait si certains des tweets étaient le fruit d’une longue processus d’écriture (twitter ayant englouti l’échange, je ne reprends pas exactement ses termes). J’avais ri quoiqu’il ne le sache pas et répondu que non, pas du tout, twitter brimborions, twitter à la volée, en marche souvent dans la…

À glaner_Avant septembre

Notules et recensement aléatoire des engouements de lectrice (en ligne notamment)  – avant qu’ils ne s’envolent. Christine Jeanney, DeLaHaine/34 Se passe de commentaires. Ne se cite pas. À lire. Ça cogne. Anna Jouy, pourquoi  : « Se dire pour mettre en danse l’espace de l’autre » À cause de ce lien… charnel ? aux mots, inépuisable. À cause du pourquoi.…

Voir-dire, saisir

Chaque matin, juste avant d’arriver au boulot, ce moment particulier, un bout de trajet à pied, 5-10 minutes à peine, selon l’allure, après avoir laissé les transports en commun – un bus basse fréquence et irrégulier. Parce que je ne suis définitivement pas du matin, et que seul le devoir m’a fait me lever puis…

Gracq, Les Eaux étroites

Bizarres stéréotypes poétiques qui coagulent dans notre imagination, autour d’une vision d’enfance, pêle-mêle des fragments de poésie, de peinture ou de musique. De telles constellations fixes (les liens emblématiques qui se nouèrent dès les commencements des anciennes familles entre le nom, les armes, les couleurs et la devise ne seraient pas sans jeter un jour…

Définition (Duras)

« Aucune définition extérieure ne se propose pour dire ce qu’ils sont en train de vivre. Aucune solution pour éviter la souffrance. » Marguerite Duras, Les Yeux bleus cheveux noirs Ignorance rimant donc avec souffrance (et non avec liberté). Tragique, pour ne pas dire dolorisme, propre à Duras, que l’on retrouve à chacune de ses pages…

Map-page

On a parfois l’impression, à se balader ainsi dans la ville, de n’aller nulle part, de ne chercher qu’à passer le temps, et que seule la fatigue nous dira où et quand nous arrêter. Mais de même qu’un pas entraîne immanquablement le pas suivant, une pensée est la conséquence inévitable de la précédente et dans…

Matière-sujet

Les souks étaient plus larges, plus lumineux qu’à Fez, plus rustiques aussi ; on y sentait moins l’opulence des marchands, davantage le travail des artisans ; la rue des teinturiers me fascinait. La couleur n’y était pas une qualité des choses, mais une substance ; comme l’eau qui devient neige, grêle, glace, givre, vapeur, elle avait ses métamorphoses :…

Concrétion répétition

D’où vient que les répétitions dans lesquelles s’entête et  bute la parole quotidienne (en famille, auprès de connaissances, d’amis même, parfois, au travail et dans les médias), parfois avec sérieux ou passion dérisoire, où elle tourne en rond, n’en finissant pas de parasiter le temps et le moment, me désespère « dans la vie »…

Marque-page

« Les paroles s’envolent, les écrits restent. » Évidence consolante : de celles qui vous sautent au visage et cache la vue. Certaines paroles restent sur le cœur, pesantes de plomb, et bien des pages s’oublient aussitôt tournées, plus vides que légères – au moins auront-elles été lues. On le sait bien, au fond, que…

La jointure voir-parler du poème

Pivoines. Bien sûr que le mot n’est pas la chose : Saussure, etc… Cratyle, etc… Et il y a bien un travail autonome du signifiant en poésie, une sorte de propulsion du son, d’élan mal contrôlable mais bien là, dans la main qui écrit. Elle est dans un élan sonore/rythmique de langue. Soit. Mais elle est…

Langagement

D’où naissent ces fringales de roman, qui me prennent, sinon souvent, du moins régulièrement ? D’un simple besoin de changer de rythme. D’un besoin – j’insiste sur ce terme – de se désengager nettement du rythme quotidien de journées qui, pour n’être pas nécessairement harassantes, n’en minent que plus sûrement, par érosion. Vagues et récif…