Les congés estivaux étaient relégués bien loin, mordant presque sur l’automne, et la chaleur qui, même en fin de journée, pesait sur la ville comme un couvercle rendait le trajet de retour, plus encore qu’à l’habitude, mécanique et accablant, bien que ce soit le dernier de la semaine. La pollution et la fatigue accumulées figeaient dans l’air une poussière grise qui semblait planer sur des trottoirs aussi ternes et gris que lorsqu’on ne voit plus le bout de l’hiver, mais l’activité coutumière régnait. En certains endroits, parfois étroitement circonscrits, la ville n’offre aucun repos ; en ses franges notamment, sillonnent mille voies d’accès, rails des trams et des métros, grandes artères qu’empruntent bus et périphérique à proximité, et quant aux piétons, la lassitude ne ralentit nul pas, le désœuvrement même reste fébrile. On y passe, actifs, pressés, on passe vite, temps mort à parcourir rapidement.

Or déboule à contre-courant, à toute vitesse de sa trottinette lancée à coups de talons, une fillette lumineuse en tenue de judoka blanche et large sourire pétillant dans son regard que reflète le verre de ses grandes lunettes. Dans son dos ballotte un cartable plus épais qu’elle, qui l’encombre sans gêner l’élan qui la propulse. Son attirail brimbale, trousse règles crayons cahiers boîte à goûter s’entrechoquent, la ceinture de sa veste est de travers, les roues grincent mais au milieu de ce joyeux tintamarre le pas martèle à peine, à son rythme s’envolent toutes ces activités, scolaires et extrascolaires,

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