Naturellement, le sujet de « matières à répétition » est inépuisable. Le monde, sa matérialité, nous cerne constamment et sans doute une certaine attention, à la fois précise et rêveuse, ne cesse-t-elle jamais d’être nécessaire pour y respirer un peu plus librement. Aussi est-il probable que réapparaîtront, ici où là, quelques textes dans la continuité de cette série – j’ai encore plusieurs photographies de bigi sous la main, et Nev ne sera pas bien loin, si elle le souhaite. Mais le projet prend fin (a pris fin, devrais-je, j’ai seulement tardé à le conclure), ni par déception, ni par lassitude, mais pour laisser place à d’autres, commencés entre temps.

L’expérience a été enrichissante. Là où je m’attendais à buter d’emblée sur la matière brute (et peut-être faudra-t-il ressayer ailleurs, autrement, à coup de mots seuls ?), bigi m’a offert d’emblée un regard, filtre qui serait sans doute passé inaperçu sans elle et m’a ainsi fort efficacement obligée à quitter et à interroger celui qui m’est coutumier – décalage fécond, m’offrant un réel moins hermétique et plus volubile que je ne pensais, en dialogue avec l’homme et l’art. Je ne sais si mes mots ont su aller à sa rencontre, mais la réflexion qui y trouve sa source est, elle, loin d’être arrivée à son terme.

À Nev, dont le coup de crayon a dû à chaque fois clore la série, est revenue la place plus critique, malgré elle sans doute, puisque chacun de ses dessins a dégagé quelles lignes de force étaient retenues, d’une variation à l’autre. Regard précieux pour remettre en cause (et en jeu, mais dans d’autres contextes), ce qui a été vu et écrit. Elle a aussi souvent transposé les textes que je lui offrais dans un univers de fantaisie plus vif et animé par la grâce particulière de son imagination – réel y entrant de plain-pied.

Je ne peux que finir en remerciant l’une et l’autre de m’avoir ainsi, au cours de ce projet et des échanges auxquels il a donné lieu, ouvert de nouvelles voies – car comment approfondir notre rapport au monde sinon par le regard des autres, lorsqu’ils nous l’offre en partage ?

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