Tu dis : « Ça palpite » et quelque chose s’équilibre, une boucle se boucle, comme une promesse sans issue, juste de toute sa vanité – ne l’est que de se suffire à elle-même. « Ça palpite », et tout semble dit, la boucle bouclée et sa tranquillité de contrebande, « ça palpite » et la boucle est bouclée, ça se répète et c’est normal, ça se répète et ça bégaie, et tout semble dit mais ce serait trop beau ou pas assez, le bégaiement louche du difforme claudiquant tendant sébile de mendiant, tout semble dit mais, tu n’y peux rien, dans cette tranquillité il y a du louche qui se glisse, « ça palpite », quand tu le dis, tu ne veux pas dire « ça lénifie », plutôt l’envers, tout semble dit mais ce serait trop simple, « ça palpite », ça relance, ça relance toujours et à chaque fois, mais sans répétition, en chaos. En caillot.

Ça palpite, systole diastole, de la tête d’épingle à l’explosion, ça palpite, ça disparaît en néant puis ça engloutit le monde, ça palpite, rien du tout, tout ou rien, tout jusqu’au rien – et pas de milieu, encore moins juste. Au milieu, pour toi, c’est déjà rien et pire que rien, moins que la tête d’épingle, moins que le néant, pas même le vide. C’est la prolifération minuscule elle te ronge et règne et grouille et tu passes, tu passes encore comme si de rien n’était pendant qu’elle te ronge et règne et rouille. Tu es binaire, t’écartèles à la parabole de tes contraires et l’arc n’en finit pas de se rompre, de céder le pont de toi à toi. Ignorant ce qui prolifère, le laisse te ronger, te coloniser, à ton corps défendant oublieux.

Ce n’est pas le cortège des jours gris. Ce ne sont pas tes semblables et leurs rabattues. Ce ne sont pas les rencontres que tu fais, ni celles que tu ne fais pas, même plus celles que tu choisis de faire ou non.

C’est un éblouissement et sa brûlure. Dont tu ne démords pas. Parce que ça palpite. Parce que tu palpites. Parce que ce n’était ni les jours ni les autres. Parce que ça palpitait comme tu palpites.

C’est le désir des mères, ou son refus. La part niée de leur désir, l’héritage détourné, l’avènement dédit, prolongé, tenace. Un sang ancien qui te parcourt, une crue à laquelle tu donnes voie, frayant quel passage ? Elle emportera tout ou te dévastera.

Illustration : sculpture de Kiva Ford.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.