
Brûlures jumelles, les lèvres de la plaie dessinent un baiser
à « faire pleurer nos fées marraines » – à force, elles ont dû
déverser un océan à nos pieds, où flottent
un sceptre-rose rouge et des rubans bleus,
un T-Shirt XXL et de l’encens indien,
des œufs pochés lardés
un chignon défait et un tigre à bière,
des hommes pyramides et des poppers
des bulles de Cristal mordoré,
un lys et des feuillets détrempés,
un dragon rouge et vert,
un Nokia et des bas couture,
des mangues thaïlandaises,
une guitare électrique,
sur le sel de torrents de larmes non taries,
où flotte encore l’esquif de nos rêves,
porté encore par l’élan que me donna,
un jour,
au petit matin blême dans le fouillis de Paris,
ton corps alangui dans mes draps, lourd d’amour,
et j’avais pourtant l’âme en peine…
Au trot partie, la maîtresse fait l’école buissonnière,
trouve porte close à la bibliothèque sévère assoupie
file vers une librairie et l’autre, se laisse tenter nihiliste,
en buvant un café, par des pages crevant le néant,
lit et se promet de chasser le cafard pour le fard.
Ô mon bel amant, tu t’étais enfui, avais quitté le lit,
découché et visité d’autres draps, d’autres bras.
Et ma promesse se débinait, reculait, se terrait
chassée mesquine par mille peurs idiotes et folles,
sapée en douce par le bourdon du trauma.
*
Mais l’élan, mon amour, l’élan ne s’arrête pas,
l’élan se relança de mes pas ralentis, embourbés stupides
soudain pressés de courir loin de l’abandon
menaçant,
de courir loin et de danser, de danser enfin,
dans l’élan promis, en écho repris, au rêve à saisir…
Mais quelle étrange valse que ces cœurs inversés,
jumeaux infinis se défiant d’œillades en désirades,
jumeaux perchés et contrariés aux pôles antipodes
irrésistibles et reproches, aberrantes arabesques,
les fées marraines pleurent du sang,
rien ne tourne rond tant que d’un coup de reins
tu ne réalignes la boussole
tandis que je crie
ton nom.

Pfiou. C’est beau.
Merci Michel